La démarche artistique que développe Alice Pilastre prend en considération les traditions textiles et en dévoile, par le biais de la sculpture, un tout nouvel aspect.
Dialogue ténu entre le conscient et l’inconscient, le souvenir et sa résurgence, son travail aborde des notions variées mais s’exprime principalement à partir du langage textile. Ainsi, à partir de la répétition du geste et par extension de motifs, du détournement des codes et des outils de conception, elle interroge une pratique, ses techniques et en explore toute la poésie.

Dans son espace de travail, parmi une matière collectée au fil des ans, Alice connecte les lieux de l’enfance, les demeures du passé et s’en inspire. La spatialisation du souvenir est intrinsèque à son travail, celle-ci lui permettant d’accéder à une certaine rêverie. L’apport de ces éléments personnels est considéré comme une amorce à chacune de ses créations. L’œuvre, une fois achevée, trouve dans la mémoire collective et le vécu de chacun de multiples interprétations.
La juxtaposition d’éléments géométriques dans My home wallpaper par exemple, forme une maison, dont, au fur et à mesure, les raccords se disloquent. En vis-à-vis de ce papier peint modulaire, des oiseaux perchés sur de voluptueuses branches figurent une échappée imaginaire.

Le rapport au temps qui s’écoule, aux générations qui se suivent, aux lieux que l’on habite ou que l’on quitte rejoint l’idée des strates de mémoire, de superposition, de rencontre ou de croisement de matières constitutives d’un tout, tel que la série Weddings le laisse interpréter. L’union de deux échantillons crée une bande de tissu, symbole de transmission, de passage.

Etymologiquement lié à la durée, la minutie (du latin minutia : poussière) dont fait preuve Alice renvoie à cet espace temporel dans lequel s’inscrit chacune de ses pièces. Ce temps nécessaire pour découper, décortiquer, disséquer, tisser, assembler avant d’enfin obtenir une composition, fait partie du processus. Les protocoles que s’impose l’artiste intègrent cette notion de mise en œuvre lente et souvent méticuleuse. Elle reste cependant sensible à ce qui doit advenir sans raison apparente dans une réalisation, aussi précise soit-elle. Une place de choix est laissée au hasard et à l’accident.

La minutie suppose un langage relativement petit. Ici, il est de la taille d’une aiguille, d’un fil, à l’échelle d’un arbre de maquette. Alice mêle sa dextérité et son désir de précision pour parvenir à exprimer des idées infiniment plus grandes. Ainsi avec patience, le mouvement répété devient un engrenage et se complexifie, jusqu’à produire parfois un effet hypnotique. Structures, trames, cartographies quittent le rapport bidimensionnel pour s’ouvrir à la trois dimension. A un moment donné, le processus itératif produit un objet qui échappe à l’auteur et génère ses propres systèmes de lecture.
Ces pièces permettent alors de saisir ce qui n’est généralement pas donné à voir ni à entendre. Elles révèlent la face cachée, le ‘non-vu’ occulté par une fabrication complexe. Alice s’intéresse tout particulièrement aux modes de fabrication, à ce qui se passe à l’arrière d’une surface, au système constructif. La maîtrise technique, une fois acquise, peut être détournée. De la même manière que l’envers d’une broderie comporte des logiques inhérentes à la personnalité de son auteur, mais aussi au savoir-faire d’une époque, l’inversion de la mélodie d’Erik Satie dans Moëbius Gymnopedy tend, par un procédé formel, à rendre audible ce qui nous est initialement inaccessible.

Il est impératif pour Alice de décomposer, déployer, débobiner, synthétiser, schématiser. A travers ses recherches dans les ateliers du Centre de la Tapisserie à Tournai, la mise en forme de surfaces par la déstructuration de lés vise à comprendre, à obtenir les clés de lecture d’un temps révolu. Après la saturation de motifs géométrisés, oniriques et végétaux, le travail réalisé jusqu’ici s’inverse et retourne aux origines.

Dans les papiers peints sonores, échantillonnage de matières dont la musique est transmise par l’intermédiaire d’une boîte à musique, apparaît la notion de partition qui survole les Ritournelles, pièces récentes dont font partie Moëbius Gymnopedy, les dentelles sonores, l’Ombrelle. Transposition d’encodages textiles, de motifs aléatoires de papier peint ou composition d’une portée virtuelle, tout est prétexte à expérimentations musicales.
A partir d’un système binaire, les partitions rassemblent de nouvelles notes jouées par l’espace libéré à la croisure de fils, la structure d’une trame répétitive, des hirondelles sur un fil. Il en émane une vérité synthétique que dévoile un ’passeur’, matérialisé par le mécanisme d’une boîte à musique ou d’un moulinet de pêche enclenché par un mouvement ou une présence. Cette mise à distance relative par le biais d’un élément extérieur permet à l’artiste de revendiquer la finalité poétique de son travail. Pourtant, elle n’apparaît pas instantanément. L’œil doit d’abord s’approcher, puis écouter.

Cécile Vandernoot.

La démarche artistique que développe Alice Pilastre prend en considération les traditions textiles et en dévoile, par le biais de la sculpture, un tout nouvel aspect.
Dialogue ténu entre le conscient et l’inconscient, le souvenir et sa résurgence, son travail aborde des notions variées mais s’exprime principalement à partir du langage textile. Ainsi, à partir de la répétition du geste et par extension de motifs, du détournement des codes et des outils de conception, elle interroge une pratique, ses techniques et en explore toute la poésie.

Dans son espace de travail, parmi une matière collectée au fil des ans, Alice connecte les lieux de l’enfance, les demeures du passé et s’en inspire. La spatialisation du souvenir est intrinsèque à son travail, celle-ci lui permettant d’accéder à une certaine rêverie. L’apport de ces éléments personnels est considéré comme une amorce à chacune de ses créations. L’œuvre, une fois achevée, trouve dans la mémoire collective et le vécu de chacun de multiples interprétations.
La juxtaposition d’éléments géométriques dans My home wallpaper par exemple, forme une maison, dont, au fur et à mesure, les raccords se disloquent. En vis-à-vis de ce papier peint modulaire, des oiseaux perchés sur de voluptueuses branches figurent une échappée imaginaire.

Le rapport au temps qui s’écoule, aux générations qui se suivent, aux lieux que l’on habite ou que l’on quitte rejoint l’idée des strates de mémoire, de superposition, de rencontre ou de croisement de matières constitutives d’un tout, tel que la série Weddings le laisse interpréter. L’union de deux échantillons crée une bande de tissu, symbole de transmission, de passage.

Etymologiquement lié à la durée, la minutie (du latin minutia : poussière) dont fait preuve Alice renvoie à cet espace temporel dans lequel s’inscrit chacune de ses pièces. Ce temps nécessaire pour découper, décortiquer, disséquer, tisser, assembler avant d’enfin obtenir une composition, fait partie du processus. Les protocoles que s’impose l’artiste intègrent cette notion de mise en œuvre lente et souvent méticuleuse. Elle reste cependant sensible à ce qui doit advenir sans raison apparente dans une réalisation, aussi précise soit-elle. Une place de choix est laissée au hasard et à l’accident.

La minutie suppose un langage relativement petit. Ici, il est de la taille d’une aiguille, d’un fil, à l’échelle d’un arbre de maquette. Alice mêle sa dextérité et son désir de précision pour parvenir à exprimer des idées infiniment plus grandes. Ainsi avec patience, le mouvement répété devient un engrenage et se complexifie, jusqu’à produire parfois un effet hypnotique. Structures, trames, cartographies quittent le rapport bidimensionnel pour s’ouvrir à la trois dimension. A un moment donné, le processus itératif produit un objet qui échappe à l’auteur et génère ses propres systèmes de lecture.
Ces pièces permettent alors de saisir ce qui n’est généralement pas donné à voir ni à entendre. Elles révèlent la face cachée, le ‘non-vu’ occulté par une fabrication complexe. Alice s’intéresse tout particulièrement aux modes de fabrication, à ce qui se passe à l’arrière d’une surface, au système constructif. La maîtrise technique, une fois acquise, peut être détournée. De la même manière que l’envers d’une broderie comporte des logiques inhérentes à la personnalité de son auteur, mais aussi au savoir-faire d’une époque, l’inversion de la mélodie d’Erik Satie dans Moëbius Gymnopedy tend, par un procédé formel, à rendre audible ce qui nous est initialement inaccessible.

Il est impératif pour Alice de décomposer, déployer, débobiner, synthétiser, schématiser. A travers ses recherches dans les ateliers du Centre de la Tapisserie à Tournai, la mise en forme de surfaces par la déstructuration de lés vise à comprendre, à obtenir les clés de lecture d’un temps révolu. Après la saturation de motifs géométrisés, oniriques et végétaux, le travail réalisé jusqu’ici s’inverse et retourne aux origines.

Dans les papiers peints sonores, échantillonnage de matières dont la musique est transmise par l’intermédiaire d’une boîte à musique, apparaît la notion de partition qui survole les Ritournelles, pièces récentes dont font partie Moëbius Gymnopedy, les dentelles sonores, l’Ombrelle. Transposition d’encodages textiles, de motifs aléatoires de papier peint ou composition d’une portée virtuelle, tout est prétexte à expérimentations musicales.
A partir d’un système binaire, les partitions rassemblent de nouvelles notes jouées par l’espace libéré à la croisure de fils, la structure d’une trame répétitive, des hirondelles sur un fil. Il en émane une vérité synthétique que dévoile un ’passeur’, matérialisé par le mécanisme d’une boîte à musique ou d’un moulinet de pêche enclenché par un mouvement ou une présence. Cette mise à distance relative par le biais d’un élément extérieur permet à l’artiste de revendiquer la finalité poétique de son travail. Pourtant, elle n’apparaît pas instantanément. L’œil doit d’abord s’approcher, puis écouter.

Cécile Vandernoot.